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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 21:37
sandbach
ou untereigernordwandkleinegletscherschlucht
un récit multiple pour une journée exceptionnelle, pour laquelle je ne remercierai jamais assez Pascal, pour en avoir eu l'idée, et pour avoir été là parce que sinon, Stef et moi ne serions pas allées bien loin!
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façon lyrique
des impressions des couleurs des formes de la montagne. La glace bleussit et les lumières qui jouent avec les arrondissements de la glace aux formes fantasmagorielles.
Depuis longtemps l'envie de monter plus haut, toujours plus haut le long de la mythique face de l'Eiger. L'appel des couleurs et du mystère que cache le glacier. Au pied de l'ogre le canyoniste se sent bien petite chose à s'élancer pour un rappel libre dans l'air au milieu des formes crevassées.C'est l'invitation à aller voir le jeu de couleur et de lumière.
devant nous s'ouvre le gouffre noir et terrifiant sculpté dans la glace veinée: Nous descendons le long de la corde jusqu'au fond du ventre de l'ogre et prenons pied dans la neige
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façon "la cliente éblouie"
Non mais je sais pas comment il a fait pour monter jusqu'en haut, vraiment, heureusement mais HEUREUSEMENT qu'il nous a monté la corde, hein. Non parce que la neige elle tient super mal, pi la glace, elle est super dure. Ensuite il a fait des trous dans la glace avec les vis, là, tu sais, les trucs qu'on visse dans la glace, quoi. Et il a passé la corde dedans, et il est descendu au milieu des crevasses. Genre le gars qui n'a peur de rien, quoi. Non mais impressionnant, quoi. Et sûr de lui, hein. Alors avec Stef on l'a suivi, c'est pas qu'on était très rassurées, mais bon en fait on n'avait plus trop le choix. Et en plus on se caillait vraiment trop dehors.
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suite façon "guide de Zermatt"
Les deux minettes finissent enfin leur rappel, ce qui leur donne l'occasion de se rendre utiles en ravalant la corde. Bon sang qu'elles sont lentes, c'est pas croyable, mais bouge toi, bordel!
Oh mais j'y crois pas, la conne, mais elle a coincé la corde, non mais c'est pas vrai, même ça elle peut pas le faire... une corde presque neuve plus ou moins, non mais quelle nunuche! Bon ça suffit les filles, on repose le thermos, on n'est pas venus sous un glacier de l'Eiger pour profiter de la vue. Aller, toi, l'idiote, tu me remontes cette pente de neige. Et avance, un peu, merde

le point de vue de Stef
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c'était trop trop bien il y avait de la glace partout. Nous avons remonté des pentes de neige qui recouvrait le fond du canyon jusqu'à la falaise. Au dessus de nous il y avait une voûte en glace TROP BELLE, Bon, n'ayant pas trop confiance dans mes pieds, j'ai tout misé sur le piolet. Ca se manie comme une pioche, en fait, on bourrine un gros coup, et on est sûr que ça tient! Et toujours de la glace partout. C'était vraiment trop trop la classe, on n'avait vraiment pas envie d'en sortir. Tiens, on reprend un peu de thé et de chocolat?

Façon "c'est nul la Suisse"
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Bon, ça reste un canyon sec, quoi. Déjà, faudra qu'on m'explique comment avec autant de marche d'approche on peut considérer que c'est un canyon intéressant. Récapitulons: 2h d'approche jusqu'au glacier, plus 1h sur le glacier à tirer des longueurs, pour ensuite descendre à sec sur des lunules au milieu des crevasses et arriver dans un canyon comblé par la neige avec juste 2 rappels de 5 m., et retour encore plus d'une heure. Alors en prime s'il faut porter des sacs de malade et ne pas voir le soleil parce qu'on est en face nord, en novembre et sous la glace, là, va falloir qu'on m'explique comment ce canyon pourrait mériter plus de 2/4 d'intérêt.

et maintenant un récit un peu moins alambiqué, disons que cette fois, c'est mon point de vue!!!
toutes les photos qui suivent sont de Pascal, www.topcanyon.com

sur une idée originale de PVD, une ouverture de Pascal Van Duin et son fan-club
Pascal devait avoir un peu mélangé dans sa tête deux idées: celle de faire la face nord de l'Eiger en alpinisme et celle de canyoner à son pied.
D'où cette ascension-descente hybride.
Déjà, première difficulté pour lui: trouver des équipiers qui ont envie de s'aventurer sous le glacier.
Bon, ce sera des équipières, mais on fait avec ce qu'on a! En l'occurrence, Stéphanie et moi, toujours à fond dès que ça s'annonce un peu bizarre!
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Ce qui fait que nous n'étions pas bien nombreux ce matin à prendre le train de l'Eiger avec du coup des sacs bien chargés. On dit au revoir à tou sles Japonais et Coréens qui montent à JungfrauJoch, et nous voilà seuls.
Pascal s'est restreint et n'a pas pris son phare avec sa batterie (de la taille et du poids d'une batterie du voiture, à peu près). Les photos en souffriront, mais nous avons déjà à nous trois
- le perfo + batterie de secours
- une vingtaine d'amarrages
- 4 piolets
- 160 m de cordes
- 60m de dyneema
- des broches à glace
- l'appareil photo de Pascal
- les indispensables thermos de thé
et en matos personnel
- les bas de combis ou la combi étanche
- les fringues d'alpi
- les crampons
- de la frontale qui va bien
Bref on est chargés à bloc
Les bas de combi, on n'aurait pas dû, en fait il fait si froid que rien ne coule. Vu qu'on se gèle, Stef et moi les mettons sous les pantalons de montage, mais c'était superflu, et surtout on n'arrive plus à grimper!
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Bref la neige déjà bien présente (mais où sont nos skis?) nous facilite la montée au pied du glacer. Nous sommes en haut du canyon ouvert l'an dernier par Pascal et Holzi. Les névés qui le recouvraient en large partie ont largement disparu.
On se prépare et on entre sous le glacier. Il y a bel et bien un canyon là dessous, bien creusé dans la roche. Au dessus de nous, une belle voûte de glace bien régulière. C'est BEAU!!!
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Nous arrivons au pied d'un premier ressaut. N'écoutant que notre courage, Stef et moi regardons Pascal s'activer pour le franchir. En gros il fait le guide et nous on fait les filles, à savoir qu'on le regarde d'un air ébahi.
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Il place un amarrage et nous le rejoignons au jumar.
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on continue encore un peu, caramba, un nouveau ressaut, cette fois impossible à passer en libre (quoique, moi je trouve que Pascal aurait pu faire un effort....). Soit c'est de l'artif soit on ruse.En effet au dessus de nous nous voyons qu'il y a de grandes crevasses par lesquelles nous devrions pouvoir descendre en rappel. Aussitôt dit, aussitôt fait: on opte pour le mode ruse et donc on redescend et on ressort. En fait il fait bien meilleur sous le glacier que dessus, là haut ça pèle un peu. Enfin, pour grimper les 3 longueurs qui nous séparent des crevasses, avec ma combi sous le pantalon gore-tex, j'ai pas vraiment froid!!! j'ai surtout du mal à bouger, je me sens handicapée!
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Nous arrivons aux crevasses. Pascal vise le milieu, on se faufile sur des ponts de neige (on y croit, on y croit!!!) jusque là. Deux broches pour s'assurer, une lunule, et c'est parti.
Les descente est dantesque, on passe entre les parois de glace bleues, il y a même des arches, on est dans un autre monde. C'est ... magique!Sandbach4.JPG
Deux autre lunules en cours de route, le tout dans un courant d'air pas très magique, et nous prenons pied au fond. C'est toujours bel et bien un canyon, mais dont le fond est couvert de neige dure provenant probablement des avalanches qui s'écoulent dans les crevasses. Du coup ça monte et ça descend.
Enfin, ce qui ne descend pas, c'est la corde de Pascal, qui reste coincée dans la lunule! Je me fais accuser des pires torts, moi qui avais pourtant bien vérifié qu'il n'y avait pas de noeud au bout. C'est trop injuste. En tous cas, une chose est sûre, la corde est coincée et bien coincée.
C'est la mierda. Pas le choix, faut la laisser. Pascal a un peu les boules, il arrive à rester plus ou moins gentleman, mais il doit prendre sur lui! (cf le texte d'intro plus haut).
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On remonte le canyon en piolet crampons. La neige est parfaite, bien compacte, on cramponne super bien, du coup c'est trop cool. Nous arrivons jusqu'en haut du canyon, contre la falaise. Cette fois, c'est bon, nous sommes au bout ... y'a plus qu'à redescendre!!! On est au-dessous de la crevasse terminale….
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On doit mettre un amarrage en haut du ressaut sur lequel nous avions buté tout à l'heure, mais c'est vite fait. Impossible de connaître la véritable physionomie du socle rocheux tellement tout est recouvert de neige. Aux suivants de découvrir ça!!!!
S'il y a des suivants, et j'en doute car en fait pour ce que nous découvrons, le glacier, qui déjà vu de dehors semble minuscule est en fait très creux. Il n'en a plus pour longtemps, le pauvre.
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Le temps que nous sortions, avec toutes ces histoires, il est trop tard pour enchaîner sur la partie du canyon déjà ouverte. Nous descendons donc à pied, en fonçant comme des fous de peur de rater le dernier train.
En fait on avait un peu de marge, 30 ou 40 minutes.. .et du coup nous voyons passer un train dans l'autre sens.
La contrôleuse, qui est la même qu'à l'aller, nous dit gentiment de monter, comme ça on fait un aller-retour gratuit jusqu'à Kleine Scheldegg, et on profite de la vue sur la face Nord de l'Eiger, c'est super beau. Et on est au chaud, ce qui est loin d'être négligeable. Les températures ne sont pas extrêmes, mais on apprécie quand même!!!
au final donc une journée fantastique... il nous faudra bien du temps pour retoucher terre après cela!!!
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commentaires

M
ça, c'est de la belle aventure inoubliable comme on aime!! Nos top-partenaires, c'est ce qu'on a de mieux dans la vie! avec une bonne santé pour les suivre...<br /> Dis-donc! quelle belle année de sport pour toi!! je me régale à suivre tes aventures... mm
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